La gaze à bluter


La gaze à bluter* est un tissu léger, transparent, obtenu par un procédé de croisement particulier constitué de fils droits et de fils de tour pour éviter le glissement des fils.
Cette particularité de la gaze de présenter des intervalles très réguliers entre les fils de chaîne* et les fils de trame* sert tout d'abord en meunerie pour le tamisage ("blutage") de la farine et ensuite au tamisage de nombreux produits naturels, tel que le souffre de Sicile, et de synthèse, tels que les produits chimiques. La contexture gaze fut également utilisée dans le voile, tissu beaucoup plus léger et vaporeux que la gaze à bluter.

 

La gaze à bluter était tissée dans des  boutiques, ateliers familiaux installés dans les maisons des tisseurs. Les communes de Cottance, Montchal, Ste Agathe en Donzy ou encore Violay ont été des centres importants de tissage de gaze à bluter.


C'est le tissage du chanvre implanté à Panissières depuis le Moyen-âge qui, au XVIIIème siècle, fut à l'origine de tissus à bluter du secteur.

Métier de gaze à bluter, musée de la cravate à Panissières
Métier de gaze à bluter, musée de la cravate à Panissières
gaze à bluter terre de tisseurs
Rouleau de gaze à bluter

Puis on utilisa la laine qui réussit assez bien, sous le nom bluteau, à tenir le marché jusqu'à la fin du XIXème siècle. Mais la meunerie devenant de plus en plus exigeante et ne se satisfaisant plus du bluteau de laine, on créa le bluteau de soie. Et finalement au début du XXème siècle,  la gaze à bluter de soie remplace progressivement les toiles de chanvre et en laine. Le tissage de ces nouveaux tissus demandait des mains habiles et expérimentées et des conditions hygrométriques idéales. Deux atouts que possédait déjà la région des Montagnes du Matin.
En 1911, 3 fabriques françaises de gaze à bluter fusionnent pour donner naissance à l'Union des Gazes à Bluter (UGB), qui s'installe à Panissières dans les locaux de la manufacture Favre et Martinod.
La même année, Herman Tobler, fabricant Suisse de gaze à bluter, installe à Panissières la Fabrique  lyonnaise de soies à bluter. En 1920, l'UGB occupe 280 tisseurs à bras et la fabrique lyonnaise 86.

Avec l’arrivée de l’électricité en 1924, de nombreux tisseurs à bras quittent leur métier pour venir travailler en usine. Mais encore en 1928 à Panissières et alentours, plus de 400 métiers à bras de gaze de soie à bluter étaient installés dans les boutiques à domicile (jusqu’en 1950 quand la fibre synthétique fait disparaître la soie puis le tisseur à domicile).

En 1969 c'est la fusion des deux entreprises panissièroises qui poursuivront leurs activités sous le nom d'UGB.

 

La gaze à bluter sert alors pour de nombreuses fabrications, pour du tissu industriel de précision : filtrage de l’air, des liquides, comptage des globules sanguins sous microscope etc. Le tissu le plus fin compte 40 000 trous sur 1 cm² et sert pour les filtres de poches de sérum.

 

L'UGB deviendra la société SEFAR FYLTIS à partir des années 90, mais fermera définitivement ses portes en février 2000, sonnant définitivement le glas de la spécialité de la gaze à bluter panissiéroise.

 

ancienne usine gaze à bluter
Fabrique lyonnaise de soies à bluter à Panissières